Qu’est-ce que les « eaux usées domestiques » ?

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Eaux usées domestiques rejetées par une habitation (source : jpt.enviro.fr)

Les eaux usées domestiques sont produites par les différents usages domestiques de l’eau dans les lieux de vie et de travail (maisons individuelles, campings, hôtels, restaurants, bureaux, ateliers, écoles, …), et collectées par le réseau d’eaux usées des bâtiments. Ce sont toutes les eaux rejetées via les équipements sanitaires : douches, lavabos, éviers, WC, machines à laver le linge et la vaisselle, …

On distingue deux types d’eaux usées domestiques :

  • Les eaux usées ménagères (issues des salles de bains et/ou de douche, cuisines, machines à laver le linge et la vaisselle, lavabos, éviers, …) sont généralement chargées de détergents, de savons, de graisses, de solvants, de différents débris organiques…
  • Les eaux-vannes ou « eaux noires » (rejets des toilettes) chargées de diverses matières organiques azotées issues des matières fécales et des urines, de germes fécaux potentiellement pathogènes, de produits cosmétiques et différents produits lessiviels utilisés pour le nettoyage des cuvettes des WC :
Classification proposée des eaux usées domestiques émises par une habitation (Source : ONEMA, Composition des eaux usées domestiques par source d’émission à l’échelle de l’habitation. Auteures : Claire Eme (CreaPure), Catherine Boutin (Irstea), décembre 2015).

Quelle est la pollution induite par les « eaux usées domestiques » ?

Les eaux usées domestiques génèrent essentiellement une pollution organique des eaux. La pollution journalière émise par une personne dépend de sa localisation géographique sur la planète, de son accès à l’eau, de son mode de vie, de son alimentation, …

Pour avoir un ordre de grandeur, on considère, en France, qu’une personne rejette sur un cycle journalier environ 150 litres d’eaux usées domestiques, qui contiennent :

  • 90 grammes de matières organiques ou minérales (en suspension dans l’eau sous forme de particules – MES = matières en suspension),
  • 57 grammes de matières oxydables,
  • 15 grammes de matières azotées,
  • 4 grammes de phosphore (issus des détergents et produits lessiviels),
  • 0,23 gramme de résidus de métaux lourds (plomb, cadmium, arsenic, mercure…),
  • 0,05 gramme de composés de fluor, chlore, brome, iode, …
  • 1 à 10 milliards de germes par 100 ml, soit plusieurs milliers de milliards de germes…

Or, l’estimation ci-dessus se base sur une moyenne de consommation d’eau de 150 litres/jour/personne en France, et les chiffres de consommation d’eau ci-dessous indiquent que les usages dans certains pays sont différents (source : http://www.economie-d-eau.com/consommation-eau-pays/: Canada : 600 litres/jour/personne ; Québec : 800 litres/jour/personne ; Etats-Unis : 567 litres/jour/personne ; Mexique : 359 litres/jour/personne ; Brésil : 184 litres/jour/personne ; Argentine : 341 litres/jour/personne ; Royaume-Uni : 95 litres/jour/personne, …

Peut-on « tout » jeter dans le réseau des « eaux usées domestiques » ?

Les réseaux de collecte des eaux usées domestiques, qui collectent les effluents dans les bâtiments, les conduisent jusqu’à deux types d’équipements de traitement :

  • Les stations d’épuration urbaines, qui collectent d’importants volumes : il s’agit alors d’assainissement « collectif » des eaux usées. Les eaux usées domestiques sont évacuées via de longs réseaux enterrés vers des stations de traitement qui peuvent être communes à plusieurs milliers ou plusieurs millions de personnes,
  • Les installations d’assainissement autonome, également appelées « assainissement individuel », ou « assainissement non collectif » (ANC), qui permettent aux bâtiments non raccordés d’assurer le traitement et l’évacuation des eaux sur leur terrain.

Dans les deux cas, les procédés de traitement sont des traitements majoritairement « biologiques » : ce sont alors des populations de bactéries épuratrices qui traitent l’eau. Ces bactéries épuratrices sont des organismes vivants, qui apprécient des conditions de vie « stables », et qui ne doivent pas être exposées, comme les humains, à des produits toxiques.

De ce fait, les réseaux de collecte des eaux usées domestiques ne doivent collecter que des matières organiques et produits non toxiques, biodégradables.

Tous les éléments solides tels que lingettes, cotons tiges, préservatifs, emballages, …ne doivent pas être rejetés dans le réseau de collecte des eaux usées des bâtiments, mais être dirigés vers les ouvrages de gestion des déchets ménagers (poubelles, bac de recyclage, compost, …).

A fortiori, tous les produits chimiques, médicaments et résidus médicamenteux ne doivent pas être rejetés dans les eaux usées domestiques, sous peine d’affaiblir les populations bactériennes qui traitent nos eaux usées.

Produits à ne pas jeter dans le réseau de collecte des eaux usées :

  • huiles et graisses de cuisine (fritures, …), ni huiles de vidange, huiles de graissage,
  • produits toxiques de types peinture, solvants, …
  • cires, résines, …
  • produits pétroliers,
  • tous les types de produits phytosanitaires (pesticides, algicides, …),
  • les objets difficilement dégradables ou non dégradables tels que les mégots de cigarettes, cotons tiges, les protections hygiéniques féminines, préservatifs, lingettes, cendres, déchets ménagers, …

Les eaux usées domestiques et le grand cycle de l’eau

La planète Terre sur laquelle nous vivons est un îlot de vie de notre galaxie, qui a des dimensions « finies ». Toutes les eaux usées domestiques que nous rejetons se retrouvent, une fois traitées, soit :

  • Pour les installations d’ANC : évacuées par infiltration dans les sols, où les eaux s’infiltrent pour rejoindre les nappes d’eaux souterraines, ou pour alimenter les débits des rivières, …qui constituent ensuite nos ressources en eau potable, via les captages,
  • Pour les stations d’épurations urbaines : rejetées vers les rivières, lacs et mers, …qui sont les milieux de vie des poissons, crustacés, …et nos lieux de baignade.

Ainsi, que ce soit les sols de nos jardins où les rivières et mers du monde dans lesquels nous nous baignons et prélevons l’essentiel de notre alimentation, ces eaux usées domestiques doivent être traitées pour préserver la qualité de nos milieux de vie et notre qualité de vie, qui en dépendent directement.

Cycle de l’eau (Source : www.aquaportail.com ).

Chaque individu de la planète Terre est de fait responsable de la qualité des eaux usées qu’il rejette…et qui alimentent le grand cycle de l’eau qui nous permet de vivre, boire, …avec la même ressource en eau, limitée, depuis la création de la Terre il y a plus de 4,5 milliards d’années.

Un dernier chiffre pour finir cet article sur les eaux usées domestiques (qui sont aussi nos futures eaux de boisson…) . L’eau : constituant principal du corps humain. En moyenne, le corps humain est composé d’eau à 65%, soit environ 45 kilos d’eau pour une personne qui pèse 70 kilos.